Changer les joints spi de la fourche

Ah la la ! Faut vraiment que les machines nous rappellent qu'elles aiment bien qu'on s'occupe d'elles.
Le WE dernier, sans doute rancunière parce que j'ai décidé de la vendre, ma Terra me puni en laissant une tache d'huile sous le fourreau droit de la fourche. Je regarde le plongeur, le verdict est simple : les traces annulaires d'huile ne laissent aucun doute. Le joint spi est HS.

Même si un acheteur peu au fait de ces détails a toutes les chances de passer à côté, je ne pouvais pas la laisser dans cet état.

J'avais donc le choix entre faire ou faire faire.
La première option vaut 45€ (pour deux joints spi et un litre d'huile pour fourche Silkolene SAE 10) ; la seconde, 120€ (et un temps d'attente pour entrer dans le planning du garagiste).

Comme c'est une opération simple, j'ai opté pour la solution la moins chère.

Et j'en ai profité pour faire des photos.

Etape n°1 : desserrer la roue

Tant qu'elle est au sol, il est prudent de desserrer l'axe de roue.
Retirer le capuchon gauche, débloquer l'écrou ainsi découvert.
À droite, débloquer aussi la vis CHC (ou BTR comme on veut) qui enserre l'axe.

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Etape n°2 : béquille centrale

Ben oui, la Terra n'a pas de centrale. On va se débrouiller.
Je dispose d'un tabouret bas fait avec des pieds de lit et un contreplaqué épais.
Il me sert à plein de choses ; là, il va devenir béquille centrale.

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Pour éviter de l'esquinter, il est préférable de démonter le sabot en plastique.

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Ensuite, si on dispose d'un support spécial, on peut l'utiliser, c'est plus pratique et, en s'aidant d'un cric, on cale la Terra sur le tabouret avec un chevron, par exemple. Une fois la machine calée, on n'oublie pas de retirer le cric si on ne veut pas provoquer un malheur...

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Ensuite, précaution utile, on solidarise la moto et son support à l'aide d'une sangle.

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On retire ensuite le support spécial moto et la roue avant décolle du sol.

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Etape n°3 : retirer la roue avant

Comme on a tout débloqué à la première étape, il ne reste plus qu'à dévisser complètement l'écrou gauche puis à chasser au maillet l'axe de roue (on peut éventuellement la caler un peu avec quelques planchettes si on n'est pas assez costaud pour la maintenir).

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On peut aussi s'aider d'un jonc en bois pour pousser complètement l'axe hors de la roue.

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Retirer la roue en douceur ; attention, l'étrier de frein peut être gênant.
Retenir l'entretoise droite.

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Etape n°4 : préparer le démontage

On dévisse d'abord le garde-boue du fourreau à démonter.
S'il s'agit du fourreau gauche, il faudra déposer l'étrier de frein.

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Ensuite, profiter que la fourche est encore en précontrainte pour desserrer la vis CHC qui se trouve tout en bas en s'aidant de l'axe de roue pour éviter que le fourreau ne tourne.
Cette vis maintient la pièce qui retient le plongeur. Sans cette pièce, le fourreau ne serait pas limité dans sa course en extension et pourrait complètement sortir lors d'un saut, par exemple. En retirant la vis (qui comporte un joint cuivre à ne pas perdre), on vidange le fourreau : penser à la bassine.
D'ailleurs, dès maintenant, faire provision de chiffons, papier journal, etc. Ça va commencer à être gras.

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Etape n°5 : déposer le fourreau

Voilà la phase la plus chiante. Il va falloir desserrer les tés de fourche haut et bas.
Les vis sont souquées et il faut prendre des précautions pour ne pas esquinter la peinture, les plastiques, etc.
Il est conseillé d'utiliser une rallonge pour la clé Allen et de l'entourer d'un chiffon.
Il n'y a pas beaucoup de place. Quand ça se débloque, on tape forcément dans quelque chose.
Protéger et se protéger.

Si on ne dispose pas d'une clé dynamométrique (ou si on ne connaît pas le couple de serrage, ce qui revient en gros au même), une astuce consiste à prendre des repères sur la tête de vis et sur la partie fixe.
Là, j'ai fait ça avec du scotch. Quand on resserrera, on fera correspondre ces repères.

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Une fois les deux tés desserrés, tirer doucement le plongeur vers le bas, bien dans l'axe, jusqu'à le libérer complètement.

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Etape n°6 : libérer le ressort

Maintenant qu'il est libre, dans un étau, enserrer le tube plongeur en le protégeant avec des entretoises en bois.
Utiliser une clé à pipe ou à douille. Le bouchon est en alu et une clé plate le marquerait (et si elle ripait, ce serait encore pire).

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Dès que le joint torique qui étanche le bouchon est libre, finir le dévissage à la main.
Attention, en fin de filet, le bouton, poussé par le ressort, peut échapper et avec lui, l'entretoise (posée ici sur les protections de l'étau).

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Finir de vidanger l'huile par le haut après avoir retiré le ressort.

Etape n°7 : retirer le joint spi abimé

Retirer délicatement le cache poussière avec un tournevis large puis, à l'aide d'une pince plate ou de deux petits tournevis, retirer le clip qui retient le joint spi.

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Normalement, ces opérations se font alors que le tube est toujours dans le fourreau.
Là, j'ai fait les photos après pour mieux montrer les détails et parce que j'avais les mains trop sales au moment du retrait. Et parce qu'aussi, je n'ai que deux mains

Une fois le cache poussière et le clip retirés, retirer la vis desserrée à l'étape n°4, en bas de fourreau.
Tirer doucement le tube plongeur hors du fourreau (attention, il va encore couler de l'huile).

Il y a peu de chance que le joint spi sorte avec le tube sur la fourche Paioli.
S'il reste en place, il faut le retirer. Un tournevis ou un démonte-pneu feront l'affaire.
Attention, ne pas esquinter l'intérieur du fourreau.

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Etape n°8 : remonter le joint neuf

Essuyer et huiler légèrement le tube. Y insérer le ressort.
Insérer le tout dans le fourreau délicatement.
Replacer la vis CHC au bas du fourreau en poussant un peu avec le ressort.

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Une fois la vis en place, retirer à nouveau le ressort et insérer dans le tube un bout de bois rond en bon état (il ne faudrait pas que des éclats puissent rester dans la fourche) et assez long pour dépasser du tube (par exemple, le manche d'un balai). Se servir de cet élément pour pousser assez fort pour pouvoir serrer la vis de bas de fourche.

Une fois cette vis serrée, tirer sur le tube pour le sortir jusqu'à butée.
Le huiler. Préparer le joint spi neuf en le huilant aussi ou en le graissant.
Le monter à l'endroit (lèvre vers le haut) sur le tube et le faire descendre assez bas.
Pousser le tube pour qu'il accompagne le joint spi jusqu'en position.
À l'aide d'un maillet et d'un tournevis large, tapoter le joint spi légèrement en tournant de la largeur du tournevis à chaque fois pour faire descendre le joint au fond de son logement.
Amener le clip par le haut du tube. Le remettre en place dans sa gorge avec un petit tournevis.
Nettoyer et huiler le cache poussière avant de le remettre en place par le haut du tube.

À l'aide d'un entonnoir propre, verser l'huile par le haut du tube (pour la Terra, il faut 385 ml par tube). On est pas au ml près. Les graduations sur le bidons suffisent.

Replacer le ressort, l'entretoise et le bouchon dont on débute le vissage à la main (il faut appuyer un peu mais c'est facile). Faire très attention à ne pas visser de travers ; le bouchon est en alu et n'apprécierait pas.

Avant de terminer le vissage, huiler le joint torique et finir avec la clé utilisée à l'étape n°6.

Faire fonctionner la suspension très doucement une dizaine de fois en contrôlant qu'aucun point dur n'est sensible.
L'huile va s'introduire dans tous les endroits où elle doit aller.

Etapes finales

Essuyer le tout avant de remonter le tube sur la moto dans l'ordre inverse du démontage.

Ne pas oublier de serrer les tés en s'aidant des repères (scotch), de replacer les vis du garde-boue.
Pour remonter la roue, attention à l'étrier de frein (on peut préférer le démonter mais ça passe).
Insérer l'axe et, avant qu'il ne ressorte côté gauche de la moto, ne pas oublier l'entretoise.
Soulager la roue avant de pousser au mallet l'axe jusqu'au bout.

Bien serrer la roue et la CHC du côté droit.

Faire fonctionner la fourche en compression et sourire en poussant un soupir d'aise.

Dans les premiers mètres, vérifier que tout va bien puis faire un essai sur route à allure réduite.
Revenir près de ses outils et vérifier le serrage des tés, de la roue.
Refaire ces vérifications au bout de quelques kilomètres puis à la fin des premières sorties.

Voilà.

Normalement, on fait les deux fourreaux en même temps mais là, la machine ayant peu de kilomètres, je n'ai fait que celui qui fuyait. Ce n'est sans doute pas l'âge du joint qui a causé la fuite mais une saloperie (moustique, poussière...) qui l'a niqué.

Au prix des joints et de l'huile, j'ai préféré garder le deuxième pour mon acheteur qui en fera ce qu'il voudra (remplacer immédiatement le joint gauche ou attendre une nouvelle fuite).

D'ailleurs, l'huile vidangée était encore très claire et pas polluée par de l'eau (elle prend alors une couleur crème, comme de la mayonnaise un peu foncée).

merci de ce beau reportage il est a mettre de cote pour plus tard
bien que j ai plus cette fourche .
mais pour ce type de fourche c est kif kif pareil

Bravo, trés bon tuto, et bon esprit, mais ça de ta part on en doutait pas !

Superbe toto ,
quel pédagogue tu fais: Chapeau, dans la joie, et la bonne humeur... j'adore!!!

Très clair et super bien monté, meme un tocard pourrait tout comprendre...
D'ailleurs j'ai tout compris
Euh sinon, qu'est-ce que tu veux dire par "tournevis plat"
c'est pour servir la viande à table?
Ouai ... j'suis cuistot quoi; pas mécano! y'a pas que nos sauces qui sont lourdes nos blagues aussi...

Blagues foireuses à part encore MERCI
j'me demandai si changer d'huile pour une de meilleur qualité que l'origine serait intéressant sur l'amortissement Av
Quel est ton avis monsieur le professeur?!

Merci pour vos réactions.
En le relisant, je me rends compte qu'il faut insister sur la phase d'huilage du tube au remontage.
Car si tout se passe bien, on l'a essuyé et essuyé à nouveau pour pas s'en foutre partout.
Mais cette fourche ne comporte pas de bague cuivre comme certaines autres.
Ça veut dire qu'elle travaille tube dans tube directement. Donc inox sur alu sans intermédiaire.
Ça évite le jeu mais si on oublie de lubrifier au remontage, on prépare des rayures.
Ça veut dire aussi qu'une fois qu'elle prend du jeu, on est bon pour la remplacer.

Le huilage n'est pas la seule chose importante. Nettoyez votre établi (aspirateur) avant de faire ce boulot et prenez soin à ne rien faire tomber. En effet, s'il traîne de la limaille ou de la poussière et qu'il vienne à s'en introduire dans le montage, problèmes en perspective dans quelques kilomètres. Il faut être soigneux et, si par malheur une pièce tombe et se salit (grasses comme elles sont, elles ramassent tout ce qui traîne), la nettoyer minutieusement.

Désolé de n'avoir pas fait plus de photos sur la fin mais j'avais vraiment les mains trop dégueu.
Et de toutes façons, ce n'est pas la partie qui pose problème : on travaille à hauteur d'homme, peinard.

Concernant le simple remplacement de l'huile, je ne vois pas bien pourquoi.
Celle d'origine me paraît très bien. Elle pue comme il faut et répond au cahier des charges (bien des motards ne la changeront jamais). Ceci dit, tu pourrais envisager un changement de réaction de la fourche en changeant de viscosité.
Ce n'est pas indiqué mais en mélangeant des grades 10 et 15 en proportions mesurées, on peut imaginer des choses. Faute d'autres réglages...
On peut aussi envisager de réaléser les passages d'huile dans le petit tube du bas. Mais là encore, vaut mieux y réfléchir à deux fois.
Par contre, remplacer cette huile toutes les 25/30000 bornes (ou plus souvent si on roule sur des routes pouraves ou en TT), ce n'est pas une mauvaise idée.

De toutes façon, à cause du guidon, il faut démonter le tube pour changer l'huile.

Tiens. Un bricolage qui me vient en tête soudain : on doit pouvoir bidouiller une précontrainte réglable sur les bouchons de tête de fourche ou replacer ces bouchons par d'autres ayant un réglage de précontrainte (il faudra alors raccourcir les entretoises en haut des ressorts et, surtout, s'assurer que le vissage de ces bouchons est compatible).
Plus sommairement, en remplaçant les entretoises par d'autres un chouia plus longues, on peut raffermir un peu la suspension pour les plus lourds d'entre nous (et inversement en raccourcissant d'un ou deux millimètres).

merci de tes tuyaux l'ami

En tout cas c'est beau une moto propre dans un garage. Ca donne envie de l'acheter mais j'en ai déja une.....
Merci pour les photos, en espérant que ça ne nous serve pas !

Ça existe :

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Reste à trouver le bon Ø et le bon filetage.
Ou un Ø un peu plus fort et connaître un tourneur sachant fileter.

SUPERBE!!!
Si ce n'est le prix, 'faut quand meme envisager d'investir entre 80 et 130€ pour ce confort!
à part ceux proposés àen promo à 5€ au lieu de 20€ (mais il s'agit de pièce de dirt-bike donc ils ont surement pas le diamètre adéquat!)

En tous cas j't'avoue que l'idée me plait énormément vu la facilité de la réalisation et l'atout précision que ça apporterai à la moto:
une virée sur un beau goudron plein de virolos= suspension ferme
une virée en sous bois boueux= suspension moelleuse
et ça en un clin d'oeil
J'ADORE
J'irai poser le dilemne à mon concess' (fada de trial, il doit bien maitriser la chose ) voir ce qui peut me proposer

Ah, ben si on peut te confier la mission de dénicher le modèle qui va bien...

Au fait, c'est pas un investissement, juste une dépense.
Mais pour notre plaisir, c'est pas grave

Au fait, le dernier de la liste est un modèle pour Paioli.
Mais le plus beau (et le plus pratique sans doute), c'est l'avant dernier.